Nous avons rencontré Étienne, un homme attachant et créatif qui s’investit comme bénévole auprès des résidents de Clos Bizet à Anderlecht. Quelle aventure !
Depuis combien de temps est-ce que tu es bénévole ?
La première fois, c'était dans les années 80. Donc ça fait déjà presque 40 ans. C’est pas mal, hein. Mais ici, dans le cadre des relations avec les seniors, ça fait à peu près huit ans maintenant.
Pourquoi est-ce que tu aimes le bénévolat ?
Ma motivation vient de mon besoin de relations qui soient vraies, donc sans hiérarchie et sans calcul. Dès le départ, il ne s’agit pas d’intérêt.
Qu'est-ce qui te donne le plus de plaisir et de satisfaction dans le bénévolat ?
Je peux être moi-même. Le fait d'être attentif et ouvert valorise un échange. Ma joie, c’est un bonjour, un sourire, une attention. Je les donne comme je les reçois, avec plaisir. Et c’est ça qui m’importe dans le bénévolat.
Quelles sont tes tâches et qu'est-ce que tu fais exactement comme bénévole ?
Ici, j’anime un atelier de recyclage. Mais c’est aussi un recyclage de vie, parce que pendant qu’on fait des activités à but, on va dire, artistique, ça nous rapproche des gens qui sont là. On parle, on échange des souvenirs… C’est un ensemble. Et cet ensemble, oui, je pense qu’on peut appeler ça de l’art, parce que ça apporte, ça donne une autre dimension à notre existence.
Très concrètement, très pratiquement, est-ce que tu peux me décrire en quoi, par exemple, ça consiste ?
On a fait des bricolages : un hôtel à insectes, un « escalier vers le ciel » pour aller dire bonjour aux gens qui sont partis – et duquel on pourrait, à la limite, redescendre. Il y a eu un géant, la nouvelle enseigne du bar… Ce sont tous de petits projets, mais on en voit la finalité. On voit que les gens y ont participé, et avec joie. Ils en sont fiers. Et ça, ça rajoute encore plus de fierté à ce que je donne et à ce que je fais.
Qu'est-ce qui a fait que tu as commencé à faire du bénévolat ? Est-ce qu'il y a eu quelque chose de concret ou une expérience qui a fait que tu as décidé de commencer?
Ma première expérience, c’était un atelier de bûcheronnage avec des jeunes handicapés. C’était leur métier, vraiment. Et j’ai été un peu dépassé par eux et leur motivation. Puis je les ai accompagnés aux Jeux Paralympiques. Là, est né ce besoin de rencontrer des gens, de découvrir autre chose, dans le mélange des personnes. Je me suis retrouvé avec des ingénieurs, des avocats, des gens bien plus cultivés que moi, plus jeunes, plus âgés… Et au final, c’est comme ça que j’ai appris mes langues aussi. Ça m’a permis d’évoluer moi-même.
Tu dis que tu as appris toi-même plein de choses en croisant d'autres personnes. Est-ce que tu peux donner des exemples ?
Je suis administrateur d’un centre culturel, donc je rencontre des gens de nationalités, de langues, de cultures différentes. C’est ce mélange qui m’a enrichi. Ma femme, par exemple, est d’origine haïtienne. Elle a une fille aux États-Unis, donc maintenant je parle anglais. Je parle aussi le néerlandais. Je comprends le brésilien, j’ai des amis brésiliens, colombiens… En réalité, on s’enrichit des gens qu’on rencontre. Une fois qu’on est ouvert, ça devient très facile.
Qu'est-ce que tu espérais acquérir, ou vivre comme expérience, en t'engageant comme bénévole ?
Connaître des choses que je n’ai malheureusement pas connues. Mes grands-parents sont décédés quand j’avais à peine 10 ou 12 ans. Mes grands-parents maternels, pareil. Mes parents sont décédés aussi, ma maman quand j’avais 30 ans. Les personnes âgées, en réalité, je ne les connaissais pas. Et donc c’est en s’ouvrant, en essayant de découvrir, qu’on y arrive. C’est une expérience, une joie aussi de rencontrer des souvenirs que je n’ai pas connus.